2011/10/03

The Action and Paul Weller by François Gorin.

Le label Edsel était la danseuse de Jake Riviera et Elvis Costello, et une aubaine pour les gars des années 80 qui certains soirs se sentaient mieux dans un décor de quinze ou vingt ans d'âge. On y trouvait du son vintage et de la légende maudite en boîte, avec un net penchant rhythm'n'blues, northern soul, mod, brit-psych… C'est ainsi que j'ai entendu d'abord Since I lost my baby par The Action et non par The Temptations (ça viendra l'année suivante). C'est une merveilleuse chanson de Smokey Robinson, dont les Tempts ont déposé la version ultime, ne m'obligez pas à radoter là-dessus, consultez vos archives.

Celle des petits mods de Kentish Town n'a pas la même plénitude. Elle est plus aiguë, plus inquiète, plus, hmm, anglaise. Production George Martin mais sans fioritures. On est en juillet 1966 et plus du côté des Small Faces pas encore convertis aux effets, filtres et philtres, que des Beatles déjà s'ébrouant déguisés en Merlins dans le chaudron de Revolver. Paul Weller n'hésite pas, dans ses notes de pochette, à comparer favorablement le chanteur de The Action, Reggie King, à son idole Steve Mariott. Sans doute emporté par l'enthousiasme un peu morbide qu'on réserve aux causes perdues.

Le quintette n'a eu que quelques années d'existence mais il n'est pas tombé sur les pires : 1963-69. Avec un pic d'activité au milieu, soldé par une brochette de cinq singles entre 1965 et 1967. C'est peu, où est l'album qui les inscrirait dans l'histoire ? Il n'est jamais sorti, et la compile Edsel n'en donne qu'un aperçu. Les morceaux les plus anciens, dont une reprise sympathique du In my lonely room de Martha and the Vandellas (Heatwave était pris par les Who), ont quelque chose d'emprunté. Avec Since I lost my baby, tout est en place. The Action a une chanson en or, les bonnes gueules, bonnes coupes de cheveux, bons habits, et le défaut majeur d'être un enjeu mineur pour le label Parlophone : après les Beatles, après les Hollies…


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