Paul Weller, la classe
Sophie Lebrun
Mis en ligne le 16/06/2012
En grande forme, l’Anglais a joué trois concerts en un, en 2 heures 20, jeudi à l’AB.
L’Anglais Paul Weller affiche une forme olympique, disait-on à propos de "Sonik Kicks", son 11e album solo paru en mars. Son concert, jeudi à l’Ancienne Belgique, confirme cette impression. Ceci explique cela - c’est lui-même qui le dit - : il a arrêté de boire, de fumer, et a vu récemment sa "tribu" s’agrandir de jumeaux (prénommés Bowie et John-Paul !). A 54 ans, le "modfather" chéri des Anglais, le père de la britpop, paraît, plus que jamais, bien dans ses baskets. Façon de parler, du moins, car John William Weller, de son vrai nom, est plutôt du genre costard-cravate-souliers-coupe de cheveux bien nette.
C’est ainsi qu’il apparaît, dans une AB blindée de quadras et quinquas, fans de la première heure. Mais, pour l’heure, point de tube des Jam (groupe rock-mod-punk très populaire au tournant des années 70-80) ou du Style Council (1983-1990) emmenés jadis par Weller. Non, là, entouré de cinq musiciens, dont l’excellent guitariste Steve Cradock, il interprète "Sonik Kicks" dans son intégralité. Le son n’est pas au top et le chanteur abuse des effets d’écho, mais au final l’opus tient très bien la route, entre puissants basse-batterie, solos de guitare électrique, touches électro et notes psychédéliques. Le ska "Kling I Klang" est une petite bombe, et l’ondulant "That Dangerous Age" fait mouche, entre séduction et humour. Plusieurs titres font songer à Blur ou Gorillaz, les projets de Damon Albarn. C’est là qu’on se souvient - remettons les choses dans l’ordre - que Weller eut une influence importante sur Albarn... Un bémol : le mielleux "Be Happy Children" final. Il rappelle ces hymnes de Noël réunissant, main dans la main, pour la bonne cause, des kyrielles de popstars...
Voilà le "Sonik Kicks" bouclé. Mmmh, c’est un peu court, mon cher Weller Mais ce n’était que la mise en jambes. Un petit entracte plus tard, le chanteur s’installe à l’avant-scène avec ses musiciens, le temps d’un set quasi acoustique, occasion de puiser dans ses albums solo. L’ambiance est folk, feu de camp, et la combinaison des (quatre) guitares et des voix, tout simplement magique.
Paul Weller a troqué son costume contre un T-shirt. Il va à présent le mouiller. Car sans crier gare, le groupe a rejoint ses claviers, batteries et guitares électriques (Weller lui-même va alterner gratte et piano), et c’est parti pour une heure de déferlante rock, punk et pop. Sourires béats dans le public, ravi de retrouver cette énergie plus carrée, serrée, adolescente, un peu teigneuse. Surtout quand Weller, visiblement pas pressé de s’en aller, remonte jusqu’à l’ère The Jam, avec "Art School", "In The City" et, en guise de point final, "Start !". Well well, il a la pêche, ce Weller. Et quelle classe.
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