Ce qui est
incroyablement pratique avec Lambchop,
c’est que c’est un collectif qui a une telle histoire que finalement, cela nous
dispense de tout historique pesant et érudit ! Le groupe a comporté entre
6 et 20 membres alors…
Toute
l’affaire tourne autour de Kurt Wagner
qui refuse avec une magnifique insolence tous les clichés vaguement
rock’n’roll. Oui, il avait le look casquette
lunettes qui le rend quasi méconnaissable si d’aventure il sort de la
salle sans ces accessoires. Il s’en fiche, on s’en fiche, it’s all about
music ! Le concept même de concert est revu, on joue assis, on joue à un volume incroyablement bas (75 db !)…
Le timbre de Kurt Wagner garde, live, cette petite vibration très particulière
et renforce notre impression de connivence. Ce qu’on cherche n’a rien à voir avec l’impressionnant, le
puissant, le volume, on cherche à établir une connexion entre un être humain
qui fait de la musique et un autre être humain qui écoute cette musique. Au
point qu’on joue à six en arc de cercle, comme en répétition et qu’on échange
des blagues de copains sur les fromages français, le système de santé américain
ou les Républicains (Pourquoi les Républicains font ils d’excellentes lessives ?
parce qu’ils savent très bien séparer les « White » des « Coloured »…)
Vidéo Courtesy of Flup! : )
Vidéo Courtesy of Flup! : )
Tout a été dit
sur le style de Lambchop, on a même inventé des associations surprenantes entre
les genres, « country soul », « alternative country » peu
importe finalement, peut être que la musique de Wagner est un genre à elle
seule. Cette lenteur mélancolique assumée, cette distance teintée d’humour, ce
refus de toute emphase, tout est su d’avance. On ne peut pas venir se
surprendre à un concert de Lambchop qui ressemble effectivement, sur scène, au
projet de départ, donner l’impression que c’est dimanche et qu’on fait de la
musique avec les amis qui sont disponibles. On raconte que quiconque sachant
jouer de quelque chose peut passer chez Wagner et jouer.
Etait-ce alors la peine d’y aller ? Oui,
parce que le temps du concert nous sommes de ces amis, nous sommes entre nous,
une étrange intimité se noue, se tisse, s’articule autour de cette musique,
c’est une conversation. Nous sommes assis également et nous pouvons nous
parler. C’est le projet de Kurt Wagner, il le disait cette année dans une
interview à David Harris « Essayer d’avoir une conversation en face à face
avec quelqu’un, essayer de se connecter avec quelqu’un ». Voilà ce dont il
s’agit, une magnifique et réussie tentative de connexion. De plus, les présents
ont un peu le sentiment de détenir un secret, d’avoir de la chance d’en être. Il
se dit souvent que les fans de Lambchop
parlent peu de « leur » groupe. On reconnaîtra qu’amateur de rock
très électrique, on puisse souffrir un peu d’ennui et qu’on ait envie que, de
temps en temps, le groupe envoie le bois mais ce n’est pas la peine d’y songer.
C’est non.
Wagner puise
dans 20 ans de répertoire comme s’il en avait décidé quelques minutes avant
avec les musiciens. Les textes, imagés, rappellent à quel point l’imaginaire
visuel est important pour Wagner, peintre et auteur de la pochette. Le son est organique, sensuel, presque
palpable et chaud, on a l’impression de percevoir le trajet des mains sur les
instruments, terriblement terrien, terriblement humain. Le temps est arrêté,
suspendu, comme à chaque fois que la musique vole à cette altitude. Pas si
simple d’être solennel mais pas ennuyeux, lent mais pas martial, harmoniques
mais pas gratuitement joli. Certains crescendos sont absolument splendides,
hors normes, et nous achèvent : Lambchop n’est même pas ennuyeux sur
scène, ils sont uniques, amples et lyriques. Heureux, nous sommes rentrés en
suivant leur conseil I will drive slowly.
Setlist : Kind of, Betty’s overture, Sharing a Gibson with MLK,
Gone tomorrow, Nothing but a blur from a bullet train, If not I’ll just die,
Slipped dissolved and loosed, 2B2, Interrupted/Prepared ; Squidbillie
theme, The new cobweb summer, Oh Ohio, The book I haven’t read, Nice without
Mercy, You Masculine you, Never my love.
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