2012/11/06

Lambchop Live in Lille, Review (French)


Ce qui est incroyablement pratique avec Lambchop, c’est que c’est un collectif qui a une telle histoire que finalement, cela nous dispense de tout historique pesant et érudit ! Le groupe a comporté entre 6 et 20 membres alors…
                Toute l’affaire tourne autour de Kurt Wagner qui refuse avec une magnifique insolence tous les clichés vaguement rock’n’roll. Oui, il avait le look casquette  lunettes qui le rend quasi méconnaissable si d’aventure il sort de la salle sans ces accessoires. Il s’en fiche, on s’en fiche, it’s all about music ! Le concept même de concert est revu, on joue assis, on  joue à un volume incroyablement bas (75 db !)… Le timbre de Kurt Wagner garde, live, cette petite vibration très particulière et renforce notre impression de connivence. Ce qu’on cherche n’a  rien à voir avec l’impressionnant, le puissant, le volume, on cherche à établir une connexion entre un être humain qui fait de la musique et un autre être humain qui écoute cette musique. Au point qu’on joue à six en arc de cercle, comme en répétition et qu’on échange des blagues de copains sur les fromages français, le système de santé américain ou les Républicains (Pourquoi les Républicains font ils d’excellentes lessives ? parce qu’ils savent très bien séparer les « White » des « Coloured »…)  




Vidéo Courtesy of Flup! : )

Tout a été dit sur le style de Lambchop, on a même inventé des associations surprenantes entre les genres, « country soul », « alternative country » peu importe finalement, peut être que la musique de Wagner est un genre à elle seule. Cette lenteur mélancolique assumée, cette distance teintée d’humour, ce refus de toute emphase, tout est su d’avance. On ne peut pas venir se surprendre à un concert de Lambchop qui ressemble effectivement, sur scène, au projet de départ, donner l’impression que c’est dimanche et qu’on fait de la musique avec les amis qui sont disponibles. On raconte que quiconque sachant jouer de quelque chose peut passer chez Wagner et jouer.



 Etait-ce alors la peine d’y aller ? Oui, parce que le temps du concert nous sommes de ces amis, nous sommes entre nous, une étrange intimité se noue, se tisse, s’articule autour de cette musique, c’est une conversation. Nous sommes assis également et nous pouvons nous parler. C’est le projet de Kurt Wagner, il le disait cette année dans une interview à David Harris « Essayer d’avoir une conversation en face à face avec quelqu’un, essayer de se connecter avec quelqu’un ». Voilà ce dont il s’agit, une magnifique et réussie tentative de connexion. De plus, les présents ont un peu le sentiment de détenir un secret, d’avoir de la chance d’en être. Il se dit souvent que les fans de Lambchop parlent peu de « leur » groupe. On reconnaîtra qu’amateur de rock très électrique, on puisse souffrir un peu d’ennui et qu’on ait envie que, de temps en temps, le groupe envoie le bois mais ce n’est pas la peine d’y songer. C’est non.
Wagner puise dans 20 ans de répertoire comme s’il en avait décidé quelques minutes avant avec les musiciens. Les textes, imagés, rappellent à quel point l’imaginaire visuel est important pour Wagner, peintre et auteur de la pochette.  Le son est organique, sensuel, presque palpable et chaud, on a l’impression de percevoir le trajet des mains sur les instruments, terriblement terrien, terriblement humain. Le temps est arrêté, suspendu, comme à chaque fois que la musique vole à cette altitude. Pas si simple d’être solennel mais pas ennuyeux, lent mais pas martial, harmoniques mais pas gratuitement joli. Certains crescendos sont absolument splendides, hors normes, et nous achèvent : Lambchop n’est même pas ennuyeux sur scène, ils sont uniques, amples et lyriques. Heureux, nous sommes rentrés en suivant leur conseil I will drive slowly.

Setlist : Kind of, Betty’s overture, Sharing a Gibson with MLK, Gone tomorrow, Nothing but a blur from a bullet train, If not I’ll just die, Slipped dissolved and loosed, 2B2, Interrupted/Prepared ; Squidbillie theme, The new cobweb summer, Oh Ohio, The book I haven’t read, Nice without Mercy, You Masculine you, Never my love. 

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